mercredi 28 septembre 2016

Toujours.


Chaque année,
Une en plus.
Vieillir, mûrir, grandir,
Privilège que beaucoup ne connaîtront pas.
Je l'accueille, bras ouverts.
Appelant la vie à me remplir.
Que la mienne soit utile,
Qu'elle puisse alléger les fardeaux de certains,
Panser les blessures des autres.
Que ma maison soit faite d'une table,
D'une marmite,
De chaises autour,
D'un accueil pour tous.
Qu'ils entrent chez moi et trouvent
La Grace, le pardon,
L'amour, l'humour,
Que leur goût de vivre leur soit rendu
Car ils sont sauront qu'ils sont aimables
Et aimés.

Les années s'étendent à mes pieds,
Du moins, je le crois,
Elle n'est pas a moi, cette vie.
Elle embrasse mes rêves,
Mais qu'elle embrasse plus encore,
Les cœurs brisés, ou ceux fermes,
Qui n'osent plus se laisser aller.
Que mes yeux caressent les peaux sèches,
Qu'ils rencontrent les regards baisses,
Les yeux voilés,
Les âmes troublées.
Je veux donner qui je suis,
À ceux qui n'ont rien.
Ceux  qui l'on n' a jamais dit
"Tu deviendras quelqu'un."
Que l'amour plante dans mon cœur,
L'affection sans condition qui m'a été offerte,
Me serve de fondation,
Pour trouver ceux qui se perdent.
La vie s'étend a mes pieds.
Puisse-je dire,
Le jour où elle s'essoufflera,
J'ai donne, beaucoup,
J'ai reçu, bien plus encore,
J'ai vécu sous les cieux,
J'y retourne aujourd'hui,
Un esprit gonfle de souvenirs
Et d'espoirs recouvres,
D'avoir pu bénir
Des âmes délaissées.

jeudi 9 juin 2016

Blanc

Un mot, un regard, une photo, 
Un bonjour.
Les émotions qui s'affolent, les espoirs déçus qui se réveillent 
Certaines choses n'existeront pas, ou plus.
Qui peut dire si cela est bien ou mal
Car nous ne connaissons que ce qui est
Et sommes ignorants de ce qui aurait pu être.

Sur cette ignorance nous bâtissons des regrets.
En soupirant que c'eût été mieux si seulement...
En vain. Le présent est tel quel
Pas idéal, non, mais bien réel.

Il faut apprendre à marcher sur le sentier qui s'étend à nos pieds,
Sans regarder en arrière et vouloir changer ce qui ne peut l'être.

jeudi 19 mai 2016

Les ailes cassées.

Il est assis sur mon cœur.
Il est assis sur mon cœur.

Je n'y peux rien s'il est assis sur mon cœur,
S'il m'a donne son nom, un peu de son sang,
S'il est la racine de la branche où je grandis.

Il est assis sur mon cœur.

Je voyais en lui un héros aux ailes brisées.
Il avait voulu s'envoler trop vite, trop haut,
Avec le courage de l'innocence et de la jeunesse,
Il avait manqué de si peu, de si près,
La sagesse qui vient avec les ans.

Il est assis sur mon cœur.
J'envie son entrain,
J'admire son combat,
J'applaudies sa dignité
Mêlée a l'insolence.

Il était un oiseau incapable de voler,
Dont les yeux n'effleurent plus le ciel
Par peur de s'émietter sous le poids du chagrin.
Il est des innocences qui ne se recouvrent jamais.
Il avait perdu la légèreté des dessins d'enfants,
La liberté de l'âme intacte que la cruauté a épargnée.

Le voyage est long pour l'oiseau inapte à planer,
Contemplez ces ailes, majestueuses,
Ces plumes moirées et brillantes
Que l'élan a quittées.

Mais il a appris à marcher,
Son manteau a gardé son éclat,
Il a fait le voyage,
Sans compter ses pas.

M'a-t-il légué sa témérité?
Aurais-je moi aussi tenter de voler ?
Son héritage résonne dans mon cœur,
Pareil au chant d'un aigle
M'appelle vers les hauteurs.

Il est assis sur mon cœur,
Sans jamais me quitter.
Je l'ai cousu sur mon cœur
Pour ne pas l'oublier.




À mon grand-père, Michel Barberon, pour avoir survécu au camp de concentration de Buchenwald, pour les risques qu'il a pris, même s'il ne s'est jamais vu comme un héros ou un courageux.

lundi 16 mai 2016

Canine

Elle est assise sur la marche en béton,
Sa fourrure frémit au moindre soupir.
Elle attend, le bruit d'un grillon, le bond d'une sauterelle,
La fuite d'un lézard qui pourrait y laisser sa queue.
Elle attend.

Ses yeux jaunes se ferment doucement,
Elle se repose, sous le regard bienveillant du soleil,
Elle rêve à des chasses incroyables, des retrouvailles attendues.
Elle ne vit que pour vivre, elle ne vit que pour aimer.
Elle s'endort.

On dit qu'elle n'est qu'une bête, qu'elle ne comprend pas.
Mais ses babines esquissent bien souvent un sourire
Lorsque nos regards se croisent.
Elle connaît mon absence et le son de mon pas.
Elle détecte mon parfum au petit matin,
Elle entend mon sifflement lorsque je viens m'asseoir,
Sur la marche béton.
Elle se réveille.

Alors elle trottine, encore lourde de sommeil,
À ma rencontre.
Elle se plaque à mon côté,
J'enroule mon bras sur son dos.
On ne dit pas grand chose. Je lui murmure bonjour,
Elle secoue la tête, le regard amuse.

Nous ne parlons pas le même langage,
Mais nous n'avons pas besoin de mots.

Sa fourrure, contre ma peau.
Elle connaît mes chagrins et moi ses habitudes,
Ses yeux d'ambre cherchent mes yeux d'azur.

jeudi 12 mai 2016

Platanes

C'est toujours au mois de mai qu'elle me manque le plus. 
Ses grands platanes, les ombres des branches qui effleurent le sol; 
La vapeur brûlante qui se dégage du goudron des routes; 
Les façades des maisons, baignées de lumière, volets fermés. 


La chaleur me manque aussi, lorsqu'elle tape aux alentours de quatorze heures. 
L'odeur du café après le repas de midi, les tourterelles qui roucoulent au creux des troncs. 
Il y a même une ou deux cigales, qui se sont perdues, sont arrivées trop tôt, n'ont pas reçu le mémo. 
La nappe, bariolée de rouge, vert et jaune, est tachée de vin, de miettes de pain éparpillées.
Il y a les longues discussions de midi, les débats politiques, les disputes même, légères.

Quand le soleil commence à prendre sa retraite, un rayon à la fois; 
Les grillons entonnent leur serenade, la verveine infuse dans la vieille théière de grands-mères
On sort les tasses, le miel et les petites cuillères, tout en s'attablant à nouveau; 
Pour refaire le monde. 

Refaire le monde, tous les jours, comme tisser une nouvelle fresque; 
On s'imagine que l'on peut changer les choses par nos mots, ou bien 
On utilise nos voix pour imaginer un monde meilleur qui peut-être naitra demain
Ou ne prendra jamais place que dans nos coeurs. 

mardi 10 mai 2016

Fleuraison.

Quand Maman portait des robes jaunes et Papa avait des cheveux, 
Avec des coeurs débordant d'idéaux et n'ayant pas 25 ans
Ils se sont trouvés, un été, dans la banlieue bourgeoise d'Orléans
Elle tentait de lui faire conversation et lui n'osait pas lever les yeux

Les choses ont changé, mais ont-elles vraiment...?
Quarante et un an et quatre enfants plus tard, leur bonheur n'a pas été le fruit du hasard
Elle a appris à le comprendre et même l'interpréter,
Quand lui a fini par s'épandre et apprendre à parler.

La complexité des coeurs, leurs vagues, leurs orages à grand remous
Sont des eaux difficiles à naviguer, des abysses profondes qui nous font chavirer.

Elle porte toujours des robes jaunes 
Il n'a jamais lâché sa main
Elle se lève au petit matin
Il offre son coeur et son amitié à qui les veut bien

D'elle je tiens mes réveils à l'aube et le café noir
De lui j'ai les yeux clairs et la larme facile, pour un sourire ou un pleur.
D'eux j'ai appris à peindre la vie en couleur et la ténacité de l'amour, 
D'eux j'ai hérité d'une famille comme une meute de loups
Qui se tient chaud en hiver
Vagabonde au printemps
S'allonge à l'ombre des pins en été
Accueille le changement de couleurs de l'automne.

Quand Maman portait des robes jaunes et Papa avait des cheveux, 
Ils ne savaient pas encore
Qu'ils seraient un exemple
Que leurs noms serait synonyme d'amour pugnace

Ils ne savaient pas encore
Que l'amour se multiplie, 
Qu'il grandit
Qu'il guérit.
Même sans cheveux
Après les rides, 
Quand la jeunesse s'est envolée
Que la sagesse a fait son entrée.

L'amour fleurit.


Garçon.

Le matin, un café noir couvert d'écume dorée, 
Une table à un bistro, le brouahah des gens autour.
J'entends le souffle des machines, le cri de la vapeur, 
Je sens l'arôme brun, les effluves de thé qui s'élèvent des tasses en porcelaine, 
Je goûte les tartes au citron, les croissants au beurre.

Au beau milieu de cette cacophonie matinale, l'accent chantant du Sud Espagnol résonne.
J'y prête attention car 
Cette voix accompagne un sourire, 
Qui accompagne un regard, 
Qui accompagne un geste. 

Tous les jours aux alentours de onze heures 
J'entends cet accent, 
Je vois ce sourire, 
Je rencontre ce regard, 
Je réponds à ce geste. 

Cet instant n'est jamais accompagné de promesses, 
Je ne sais rien de lui sinon 
Son pays 
Le timbre de sa voix. 

Il ne me connaît pas si ce n'est que 
J'aime le café noir et serré
Je ne suis pas d'ici.

Mais chaque matin, 

Il prépare le nectar avec entrain, 
Il marque le début de ma journée 
Comme le chant d'une horloge
Il allège mon pas
Il réchauffe mon sourire.

Sans attaches, 
Sans promesses, 
Sans identité même. 

Mais il a accroché mon dessin 
Au coin d'un tableau en liège
Il a souri doucement
Lu mon prénom.