jeudi 19 mai 2016

Les ailes cassées.

Il est assis sur mon cœur.
Il est assis sur mon cœur.

Je n'y peux rien s'il est assis sur mon cœur,
S'il m'a donne son nom, un peu de son sang,
S'il est la racine de la branche où je grandis.

Il est assis sur mon cœur.

Je voyais en lui un héros aux ailes brisées.
Il avait voulu s'envoler trop vite, trop haut,
Avec le courage de l'innocence et de la jeunesse,
Il avait manqué de si peu, de si près,
La sagesse qui vient avec les ans.

Il est assis sur mon cœur.
J'envie son entrain,
J'admire son combat,
J'applaudies sa dignité
Mêlée a l'insolence.

Il était un oiseau incapable de voler,
Dont les yeux n'effleurent plus le ciel
Par peur de s'émietter sous le poids du chagrin.
Il est des innocences qui ne se recouvrent jamais.
Il avait perdu la légèreté des dessins d'enfants,
La liberté de l'âme intacte que la cruauté a épargnée.

Le voyage est long pour l'oiseau inapte à planer,
Contemplez ces ailes, majestueuses,
Ces plumes moirées et brillantes
Que l'élan a quittées.

Mais il a appris à marcher,
Son manteau a gardé son éclat,
Il a fait le voyage,
Sans compter ses pas.

M'a-t-il légué sa témérité?
Aurais-je moi aussi tenter de voler ?
Son héritage résonne dans mon cœur,
Pareil au chant d'un aigle
M'appelle vers les hauteurs.

Il est assis sur mon cœur,
Sans jamais me quitter.
Je l'ai cousu sur mon cœur
Pour ne pas l'oublier.




À mon grand-père, Michel Barberon, pour avoir survécu au camp de concentration de Buchenwald, pour les risques qu'il a pris, même s'il ne s'est jamais vu comme un héros ou un courageux.

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